Confiance et responsabilisation, bases des organisations “Happy RH”

Vous vous souvenez des chiffres énoncés par Issac Getz concernant l’engagement des salariés dans la réussite de l’entreprise ? (cf vidéo dans le billet : Bonheur et travail… et si les 2 étaient compatibles ?)

Pour rappel, une étude Gallup montre que :

  • 11% des salariés sont “engagés” dans l’entreprise, c’est-à-dire qu’ils n’attendent pas qu’on leur demande pour entreprendre des choses. Ils sont “proactifs”, comme on aime dire… –> Isaac Getz les compare à des poules, qui pondent des oeufs sans attendre qu’on leur demande.
  • 61% des salariés sont “désengagés” dans l’entreprise, c’est-à-dire qu’ils viennent, font ce qui leur est demandé mais sans entrain, et regardent souvent l’heure en attendant avec impatience le moment de partir  –> Isaac Getz les compare à de vieux chevaux fatigués.
  • 28% des salariés sont “activement désengagés”, c’est-à-dire que non seulement ils n’ont aucune motivation pour leur travail, mais en plus, ils passent leur temps à détruire la motivation des autres –> Isaac Getz les compare à des renards, qui mangent les poules que sont les salariés “engagés”.

Dans la droite lignée de cette étude, j’ai eu la chance de participer cette semaine à une conférence passionnante dans le cadre de “Vivre l’économie autrement”, organisée à Lille par Nicolas Cordier.

Les intervenants :

Frédéric Lippi – Dirigeant de Lippi http://www.lippi.fr, qui prône et applique la présomption de confiance en entreprise

Laurence Vanhée – élue DRH belge de l’année 2012, auteur du livre Happy RH, le bonheur au travail, rentable et durable (Editions La Charte)

Frédéric Lippi appelle les salariés “activement désengagés” des terroristes, car ils sabotent la motivation des autres salariés. Mais pour lui, personne ne devient terroriste par hasard ou par pure envie de détruire. Et même mieux, un terroriste pourrait même être “déconstruit”.

Il est intimement persuadé que dans la vie, “chacun fait ce qu’il peut”. J’aurais envie d’ajouter qu’en effet, chacun fait ce qu’il peut dans sa vie, avec les cartes qu’il a en main et que dans toute relation humaine, il est bon de se rappeler que nous avons tous la même valeur, mais seulement pas tous le même tirage.

Frédéric Lippi est donc persuadé que “chacun fait ce qu’il peut” mais, qu’en retour, “chacun a besoin de reconnaissance”. Pour lui, c’est ce manque de reconnaissance qui incite peu à peu une personne à se désengager de l’entreprise, jusqu’à devenir parfois “terroriste”. Pour lutter contre ce désengagement, il invite à la présomption de confiance, non par naïveté, mais par efficacité. La confiance n’empêche pas le contrôle, mais arrêtons de vouloir tout contrôler ! “Trop de contrôle tue l’initiative. Et ce monde a besoin d’initiatives”. De plus, faire confiance en contrôlant moins fait gagner du temps et responsabilise chaque personne.

D’ailleurs, avez-vous remarqué le nombre de personnes qui, sur leur carte de visite, arbore le titre “Responsable de…” ? Cela signifie-t-il que toutes les autres personnes de l’entreprise sont irresponsables ?

Pourtant, F.Lippi nous rappelle que tous, dans notre vie, nous prenons des initiatives (celle de se marier, d’acheter une maison, une voiture, de faire des enfants…) et nous assumons la responsabilité de ces initiatives. Alors pourquoi, dès que nous rentrons dans le monde de l’Entreprise, sommes-nous traités comme des gens “irresponsables” ? Laurence Vanhée le rejoint en rappelant que “par bonheur, en Europe, le travail des enfants est interdit. Donc les personnes que nous embauchons sont des adultes. Alors traitons-les comme tels !”.

Par exemple, si nous arrêtions la fixation d’objectifs SMART par chaque supérieur hiérarchique pour ses collaborateurs ?

Laissons l’équipe fixer ses propres objectifs !

Tout d’abord, cela fait gagner du temps au “chef d’équipe”. Et puis cela implique chacun dans la réalisation de ces objectifs et donc, responsabilise chaque personne de l’équipe.

Résultat : Faire fixer les objectifs par l’équipe engendrerait un gain de productivité de 20%. Ca vaut le coup d’essayer, non ?

Mais comment passe-t-on à une organisation coopérative dans une structure ?

Voici quelques pistes données par F.Lippi et L.Vanhée :

  • Elargissez le champ culturel de tous les collaborateurs en leur donnant un niveau d’information minimum sur tout ce qui touche l’entreprise (produits, design, marketing…).
  • Partagez votre vision et veillez à faire s’exprimer chaque personne. Vous pouvez par exemple mettre en place des groupes de travail en demandant à l’équipe : Qu’est-ce qui vous donne de l’énergie au travail ? Qu’est-ce qui, au contraire, vous pompe de l’énergie dans votre travail quotidien ?
  • Faites émerger le leadership en faisant par exemple animer un groupe de travail par une personne cooptée par les autres membres du groupe.
  • Soyez attentifs aux symboles qui peuvent parfois avoir leur importance pour les personnes qui travaillent dans l’entreprise (par exemple : Pourquoi un dirigeant aurait-il une place de parking réservée à côté de la porte d’entrée ?).
  • Construisez une organisation cohérente.
  • Adaptez cette organisation en permanence.
  • Avancez toujours avec les équipes. Ne faites pas seul.

J’aurais envie d’ajouter :

  • Créez quelquechose de simple. Fuyez les usines à gaz !
  • Et enfin : COMMUNIQUEZ ! Sur tout, tout le temps, avec tout le monde !

Dans tous les cas, comme le dit Frédéric Lippi : Faites quelquechose. Confucius a dit : “Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas.” Frédéric Lippi, quant à lui, a préféré nous lire un magnifique texte attribué à Goethe, que je vous laisse découvrir ici : L’engagement selon Goethe

Je finirai en envoyant un grand merci aux organisateurs et aux intervenants de cette conférence. Continuez à partager cette nouvelle vision de l’organisation du travail !

 

 

Vous pouvez retrouver les principales citations de la conférence sur : https://storify.com/ChrisDelepierre/soire-e-vivre-l-e-conomie-autrement-du-25-03-2014

 

 

 

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