En route pour la prochaine réforme de la formation !

Emmanuel Macon a lancé officiellement, hier, la réforme sur la formation professionnelle. Le 12 octobre, il ouvrira la phase de concertation avec les partenaires sociaux, ce qui devrait aboutir sur une proposition de loi début 2018, qui sera débattue au printemps 2018.

Pour en comprendre la ligne directrice, analysons le discours de M. Macron, hier, à Egletons :

“Protéger les personnes dans un monde de changement, ça ne peut pas être : “quoiqu’il advienne, je vais protéger votre emploi.””

“Protéger, c’est s’engager à ce que ces personnes aient les formations, qu’elles puissent être requalifiées pour trouver des emplois d’aujourd’hui et de demain.”

“Protéger, ce n’est pas protéger des changements du monde. C’est donner les moyens de trouver sa place dans ces changements du monde.”

–> Et oui, comme un français sur 2, il y a de grands risques (chances ?) que notre emploi soit profondément transformé d’ici 10 ans. Voire qu’il disparaisse. Peut-on alors vraiment, encore, s’accrocher à notre emploi pour que celui-ci reste tel qu’il est ? Comme un saumon remontant la rivière ? Ou, au contraire, avons-nous tout intérêt à apprendre à nager dans le sens du courant ?

“La formation professionnelle continue, l’apprentissage, l’alternance est au coeur de cette bataille.”

“Il va falloir qu’on fasse plein de petites révolutions. Qu’on s’organise mieux collectivement pour avoir une stratégie au niveau de la nation qui consiste à dire qu’on oriente les gens vers les bonnes formations.”

–> Changer d’échelle, pour avoir une approche plus globale de la formation, afin d’arrêter d’envoyer les jeunes dans des filières qui n’ont pas de débouché, et avoir plus de formés dans les filières qui n’arrivent pas à recruter. Sur le papier, ça paraît assez logique. Reste à voir comment l’appliquer. Pour cela, le Président souhaite s’appuyer plus sur les branches professionnelles et les régions.

“Ensuite, il faut qu’on passe d’un modèle […] “administré” de la formation où il y a beaucoup trop d’acteurs (plus de 75000 acteurs d’offres de formation dans le pays. C’est ridicule) qui n’est jamais évalué à un système qui passe par la qualité, jugée par celles et ceux qui, justement, sont formés.”

“Nous devons aller vers un système beaucoup plus tiré par la qualité, qu’on évalue de manière transparente, qu’on simplifie.”

–> Cela fait écho au souhait d’Emmanuel Macron, exprimé pendant sa campagne, que tous les organismes de formation soient labellisés. Pour rappel, tous les organismes de formation sont déjà soumis aux contrôles des DIRECCTE. De plus, s’ils veulent que leurs formations soient prises en charge par un financeur (OPCA…), ils sont soumis aux critères du décret relatif à la qualité des actions de formation du 30 juin 2015 (ce qui oblige, pour être référencé par la plupart des financeurs, à être enregistré sur la plateforme Data-dock). Quant au nombre de 75 000 organismes de formation, certes, je ne suis pas objective, mais… en 2015, on comptait 494 000 entreprises de construction. En quoi est-ce que ça pose problème ?

“Il faut aussi se former tout au long de sa vie. Et aujourd’hui, notre système n’est pas bon.”

“On forme peu les chômeurs et les peu qualifiés. Et même les comptes personnels de formation (CPF) ne sont pas calibrés au bon niveau. En 8 ans d’ancienneté, vous allez acquérir 150 heures de droit. Une formation qualifiante, c’est 400 à 500 heures.”

“Ca veut dire que s’il faut que je me réoriente, j’aurais besoin de 400 à 500 heures de formation. Le système ne permet pas de le financer. Ca aussi, il va falloir qu’on le change.”

–> Cela reprend la remarque que j’ai la plus entendue, il me semble, depuis que je forme sur l’utilisation du CPF : “Les formations inscrites dans les listes CPF doivent forcément être certifiantes… Mais on ne peut pas suivre de formation certifiante avec uniquement 150 h ! Alors, quelle est la logique ?” La logique tient dans l’évolution de l’offre de la formation en blocs de compétences. Mais, s’il est possible de cumuler plus d’heures sur son CPF, ce sera bien aussi. 🙂

Contrairement à ce que dit M. Macron, il existe bien, aujourd’hui, une façon de financer une formation qualifiante de 500 heures : le CIF. Tout un aspect de la réforme sera certainement d’envisager comment mieux articuler ces deux dispositifs. Pour rappel, un point de la réforme évoqué pendant la campagne présidentielle consistait à renforcer le CPF, non seulement par son nombre d’heures, mais aussi en budget, en allouant à son financement la totalité de la participation obligatoire des entreprises. Cela poserait la question du financement d’autres dispositifs relevant aujourd’hui de la professionnalisation, mais, au-delà de ça… Comment inciter chacun à vraiment utiliser son compte personnel de formation ?

Car, au 1er octobre, nous plafonnons encore à 4,9 millions de personnes qui ont ouvert leur compte (je parle bien d’ouverture de son CPF, pas de son utilisation !), soit un peu moins de 25% des salariés du secteur privé. Alors, on aura beau y allouer toutes les heures et tous les budgets que l’on veut…  si, en parallèle, on agit pas à grand renfort de communication et de pédagogie pour accompagner à son utilisation, concrètement, ça risque de ne pas servir à grand chose…

Bref, professionnels de la formation, profitez bien des derniers mois de 2017 pour votre tranquillité.

2018 s’annonce mouvementée !

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